5 décembre 2025
Fred

À Zanzibar, la musique Taarab résonne dans les ruelles de Stone Town depuis plus d’un siècle. Cette musique traditionnelle de l’archipel mêle influences africaines, arabes et indiennes, témoignant de l’histoire commerciale et culturelle de cette île située au carrefour des routes maritimes de l’océan Indien. Fred de Soaring Flamingo raconte.

Qu’est-ce que le taarab ?

Le taarab est la musique traditionnelle de Zanzibar. Le mot vient de l’arabe « tarab » qui signifie « joie musicale » ou « enchantement ». Cette musique se caractérise par un mélange d’instruments à cordes, de percussions et de chants, souvent en swahili.

Les formations de taarab sont généralement composées de :

  • Oud (luth arabe)
  • Qanun (cithare)
  • Violons
  • Accordéon
  • Tabla et dumbak (percussions)
  • Voix, souvent féminines

Les textes abordent des thèmes variés : l’amour, les relations sociales, la politique locale, parfois avec des messages codés que seuls les initiés comprennent vraiment.

 

Une musique née du brassage culturel

L’histoire du taarab reflète celle de Zanzibar elle-même. L’archipel a longtemps été un carrefour commercial majeur de l’océan Indien, où se croisaient marchands arabes, commerçants indiens, populations africaines et explorateurs européens.

Influences arabes : Les instruments à cordes et les modes musicaux viennent en grande partie de la péninsule arabique, notamment d’Oman et du Yémen. Le sultanat d’Oman a gouverné Zanzibar pendant des siècles.

Influences indiennes : Les rythmes et certains instruments de percussion ont été apportés par les commerçants gujaratis et les travailleurs indiens présents sur l’île.

Influences africaines : La base rythmique, les danses et certains instruments de percussion proviennent des traditions bantoues et swahilies de la côte est-africaine.

Influences occidentales : Au début du XXe siècle, des éléments de musique occidentale (accordéon, structures harmoniques) se sont ajoutés au répertoire.

Le taarab tel qu’on le connaît aujourd’hui s’est développé à la fin du XIXe siècle sous le règne du sultan Barghash bin Said, qui a fait venir des musiciens du Moyen-Orient pour former les premières formations.

La DCMA : gardienne du taarab à Stone Town

La meilleure ambassadrice du taarab dans le monde est la DCMA (Dhow Countries Music Academy), une organisation à but non lucratif basée à Stone Town, le centre historique de Zanzibar.

Fondée en 2002, la DCMA a pour mission de préserver et promouvoir les musiques traditionnelles de la région des « pays du boutre » (dhow countries), cette zone de l’océan Indien unie par les routes commerciales maritimes.

Formation des jeunes musiciens : La DCMA forme de nombreux jeunes de Zanzibar aux techniques du taarab et d’autres musiques traditionnelles. Beaucoup de ces élèves mènent ensuite une carrière musicale, que ce soit au niveau local dans les orchestres de l’île ou à l’international lors de tournées et festivals.

Concerts ouverts au public : Plusieurs fois par semaine, l’académie organise des concerts dans ses locaux. Les visiteurs peuvent y assister, découvrir les musiciens en formation et parfois même danser lors des soirées plus festives.

C’est l’occasion rare d’entendre du taarab authentique dans un cadre intimiste, loin des spectacles touristiques calibrés.

Assister à un concert de taarab à Zanzibar

À la DCMA (Stone Town) :

  • Adresse : Old Customs House, Mizingani Road, Stone Town
  • Concerts : Généralement les mercredis et samedis soirs (horaires à vérifier)
  • Tarif : Entrée payante modeste (environ 10 000 à 15 000 shillings tanzaniens, soit 4 à 6 euros)
  • Ambiance : Intimiste, avec un public mélangé de locaux et de visiteurs
  • Réservation : Non obligatoire mais recommandée en haute saison

Au Old Fort (Ngome Kongwe) : Cet ancien fort portugais à Stone Town accueille régulièrement des concerts de taarab, notamment pendant le festival Sauti za Busara en février.

Lors de mariages et événements privés : Le taarab est joué lors des mariages zanzibarites. Si vous séjournez dans une guesthouse locale et qu’un mariage a lieu dans le quartier, vous entendrez sûrement la musique résonner dans les rues.

Festivals :

  • Sauti za Busara (février) : festival de musiques africaines à Stone Town, avec plusieurs formations de taarab
  • Zanzibar International Film Festival (juillet) : inclut des concerts de musique traditionnelle

Stone Town : centre culturel de Zanzibar

Stone Town, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est le cœur historique et culturel de Zanzibar. Ses ruelles étroites, ses portes sculptées et ses bâtiments arabes témoignent de l’époque du sultanat d’Oman.

Lieux à visiter à Stone Town :

  • Le Vieux Fort (Ngome Kongwe)
  • Le Palais des Merveilles (Beit al-Ajaib)
  • La Maison des Esclaves
  • Les jardins de Forodhani (marché de nuit)
  • Le marché de Darajani
  • La cathédrale anglicane Christ Church

La DCMA se trouve dans l’ancien bâtiment des douanes (Old Customs House), juste en face du front de mer. C’est un lieu chargé d’histoire, parfaitement situé pour découvrir Stone Town à pied.

Les grandes voix du taarab

Plusieurs artistes ont marqué l’histoire du taarab et continuent d’influencer la scène musicale zanzibarite :

Siti binti Saad (1880-1950) Considérée comme la mère du taarab moderne, elle a été la première artiste de taarab à enregistrer des disques dans les années 1920. Elle chantait en swahili plutôt qu’en arabe, rendant la musique accessible au plus grand nombre.

Bi Kidude (1910-2013) Figure légendaire du taarab et de l’unyago (musique traditionnelle des cérémonies d’initiation), elle a continué à se produire jusqu’à plus de 100 ans.

Culture Musical Club Fondé en 1958, c’est l’un des orchestres de taarab les plus respectés de Zanzibar, toujours actif aujourd’hui.

Ikhwani Safaa Musical Club Un autre orchestre historique fondé dans les années 1900, connu pour son style plus traditionnel.

De jeunes artistes formés à la DCMA perpétuent aujourd’hui cette tradition tout en l’adaptant aux goûts contemporains.

Questions fréquentes sur le taarab

Quelle est la différence entre le taarab et les autres musiques swahilies ? Le taarab se distingue par ses influences arabes et indiennes marquées, avec l’utilisation d’instruments comme l’oud et le qanun. D’autres musiques swahilies comme le kidumbak ou le ngoma ont une base plus africaine.

Faut-il réserver pour assister à un concert à la DCMA ? Ce n’est pas obligatoire, mais c’est recommandé en haute saison (juin-septembre et décembre-février) car la salle n’est pas très grande. Vous pouvez réserver directement sur place ou par email.

Peut-on prendre des photos et vidéos pendant les concerts ? Oui, généralement c’est autorisé, mais demandez toujours la permission aux musiciens par respect. Évitez le flash pendant les performances.

Le taarab est-il joué uniquement à Zanzibar ? Non, on trouve aussi du taarab sur la côte tanzanienne (Dar es Salaam, Tanga), aux Comores, au Kenya (Mombasa, Lamu) et même à Madagascar. Mais Zanzibar reste considérée comme le berceau du genre.

Les textes sont-ils en swahili ou en arabe ? La plupart des chansons modernes sont en swahili, bien que certains morceaux traditionnels soient en arabe. Siti binti Saad a popularisé le swahili dans le taarab dans les années 1920.

Peut-on acheter des disques de taarab à Zanzibar ? Oui, on trouve des CD et parfois des vinyles dans les boutiques de Stone Town, notamment près du marché de Darajani et à la DCMA elle-même.

Organiser un voyage à Zanzibar

Accès :

  • Vol international vers Dar es Salaam, puis vol intérieur ou ferry vers Zanzibar (environ 1h30)
  • Vols directs depuis certaines villes européennes pendant la haute saison
  • Ferry depuis Dar es Salaam : 2 heures de traversée

Meilleure période :

  • Saison sèche : juin à octobre et décembre à février
  • Festival Sauti za Busara en février pour une programmation musicale riche
  • Éviter avril-mai (saison des pluies)

Hébergement à Stone Town : De nombreuses guesthouses et hôtels boutique dans des maisons traditionnelles restaurées. Comptez 30 à 150 euros par nuit selon le standing.

Budget concerts :

  • Concert à la DCMA : 4 à 6 euros
  • Festival Sauti za Busara : pass journalier environ 10 à 15 euros

Combiner avec :

  • Exploration de Stone Town (1-2 jours)
  • Plages de la côte est (Paje, Jambiani, Nungwi)
  • Tour des épices dans les plantations
  • Plongée et snorkeling (île de Mnemba)
  • Excursion à Prison Island

Autres expériences culturelles à Zanzibar

Tour des épices (Spice Tour) Zanzibar était surnommée « l’île aux épices ». Visitez les plantations de clous de girofle, cannelle, vanille, poivre et cardamome.

Cuisine zanzibarite Mélange de saveurs africaines, arabes et indiennes. À tester : le pilau (riz épicé), le biryani, l’urojo (soupe épicée), les pizzas zanzibarites aux fruits de mer.

Marché de nuit de Forodhani Chaque soir à Stone Town, ce marché propose fruits de mer grillés, brochettes, jus de canne à sucre frais et spécialités locales.

Artisanat local Les portes sculptées de Zanzibar, les tissus kangas et kikois, les bijoux en argent, les paniers tressés.

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